Noir, blanc, gris ... ?
Quand j’avais fini les derniers exams de mon cursus en Juin dernier, on pouvait pas vraiment dire de moi que j’avais fini mes études, puisqu’il me restait le stage à l’hosto jusqu’à Septembre.
Quand j’avais fini ce satané stage, on pouvait dire de moi que j’avais fini mes études, mais pas que j’étais diplômée. Puisque je n’avais pas encore reçu de diplôme, les démarches administratives étant longues.
Après, je ne savais pas vraiment ce que j’étais. Je n’étais plus étudiante, puisque j’avais remis ma carte d’étudiant et j’avais fini. Mais j’étais toujours rattachée à l’administration de mon institut, puisque j’attendais d’avoir le diplôme qui a finit par arriver en Novembre.
En bref, pendant plus de 2 mois, je n’avais plus de statut, et je n’étais plus rien qu’une jeune fille en jean, qui marche dans la rue.
Photo de la remise de diplômes de notre promo - Décembre 2008 à la salle de conférence de l'EAK.
L’histoire recommence, autant que l'histoire du monde, comme si une photocopieuse se cachait derrière le destin.
Aujourd’hui, je n’ai pas de statut, mais vis-à-vis d’autre chose.
Je suis supposée être partie en France, mais il me manque un truc pour le grand départ. Eh oui, je suis toujours là, pour ceux qui ne le savaient pas !!
J’essaie de m’occuper un peu de ma vie actuelle, ou de m’occuper de ma future vie, mais c’est plus difficile que ce que ça paraît être.
Je n’arrive pas à m’investir complètement pour la recherche d’un boulot ici, puisque je sais pertinemment que j’aurai à peine le temps de signer mon contrat, que je devrais déjà quitter des collègues dont j’aurai à peine connu les prénoms.
J’essaie de postuler pour des stages au sein de sociétés à Paris, mais je n’arrive pas non plus à m’investir complètement, puisque je sais que si on m’appelle à me présenter pour un entretien physique, j’aurai l’air tout à fait conne 3000 Kilomètres plus loin !!
Je ne peux m’investir sur aucune des 2 rives de la Méditerranée, et je suis en train de perdre mon temps.
Alors j’attends, le cul entre deux chaises. J’attends et je ne sais même pas combien de temps je devrais attendre. 1 mois ? 6 mois ?
Pour bien vous expliquer, on va dire que j’attends que la vie m'accorde un visa spécial pour pouvoir démarrer ma nouvelle vie. Si vous restez sage, je vous révélerai lequel !!
En attendant, j’ai l’impression d’être prisonnière d’un certain espace-temps perdu sur une autre planète. D’être otage d’un monstre sourd qui demande une rançon que personne ne veut payer.
Ça me rappelle un film que j’ai vu. Le Terminal, où un certain Viktor Navorski est bloqué à l’aéroport JFK de New York, après qu’une guerre s’était déclarée dans son pays rendant son passeport invalide.
Et comme les autorités américaines avaient rompu toutes relations diplomatiques avec ce pays en guerre dès que celle-ci s’était déclarée, ça a annulé systématiquement son visa.
Il ne pouvait ni sortir de l'aéroport vers les USA, ni retourner à son pays : interdiction de sortir et d'entrer.
Et donc, quand il avait embarqué dans son avion en direction de NY, il était un citoyen respecté qui partait aux USA avec un visa de touriste. Mais quand il avait débarqué, il n’était même pas un clandestin, mais il n’avait ni passeport, ni visa. Il était considéré comme un apatride, bien qu'il venait de Krakozie. Et il devait rester dans l'aire internationale, ce qui faisait qu'il n'était pas tout à fait aux USA, bien qu'il soit sur le sol américain.
On lui a dit qu’il était tombée dans une espèce de … faille du système. La même faille du système dans laquelle j’ai l’impression de baigner depuis des mois.
Ni noir, ni blanc et ni tout à fait gris. C’est la description de mon statut actuel.
Et ne me dites pas d'en profiter pour me reposer comme on ne cesse pas de me répéter, on ne se repose que quand on est fatigué. Moi, même mes grasses mat' n'ont pas de goût, ni qualité. Ne me dites pas de m'inscrire à tel ou tel truc, rien n'est gratuit, et je dois épargner.
Et puis, dites leur d'arrêter de me demander ce que je fais encore là, pourquoi je ne me cherche pas un boulot, et quand est-ce que je compte partir. Autant que "quoi de neuf ?", ça a le même effet sur mon crâne qu'un piano qui me tombe dessus du 19e étage. Merci à ceux qui se contentent d'un simple "ça va ?", ça me permettras de ne pas me flinguer juste après.
Pourquoi a-t-il fallut que ça m'arrive à moi ce statut indéfini, et plusieurs fois la même année ?
J'ai pas le moral, vraiment pas du tout. Qui aurait un remède miracle pour la "fille en jean qui marche dans la rue", autre que celui de se shooter au café ?