Leur crier tous dessus ...
Je doute. Je passe par une période de doute intensif. Je viens de devenir pharmacienne depuis quelques mois... eh oui, faut m’appeller Docteur Boualem !!
Le hic, c'est que je ne sais pas encore vers quel secteur pharmaceutique m’orienter. Officine ? Industrie ? Et même si je me dirigeais vers l’industrie, c’est un domaine très vaste.
Durant mes études, j’avais les meilleures notes de ce module, mais ne devrais-je pas confirmer ma vocation avec un stage ? Dans l’industrie, y a la pharmacotechnie (élaboration et formulation du médicament) ou le CQ : contrôle qualité, spécialité qui me permettra de passer derrière tout le monde pour vérifier s’ils ont bien fait leur travail. En gros.
Je pourrais ptet leur crier dessus !! Ca ferait tant de bien … mouahahaha !!
Mais bon, j’hésite, tout de même. Un stage serait le bienvenu pour confirmer si je veux vraiment faire du CQ toute ma vie.
L’an passé, le domaine du marketing pharmaceutique était encore sur ma liste. Mais je l’ai enlevé, après ma première expérience de job d’étudiant. Eh oui, Amel Boualem a déjà bossé dans sa vie, et pendant ses études. La vie est drôle, l’an passé je n’avais pas une seule minute à moi, entre études, cours, stages, boulot …etc
Et cette année, je suis prête à faire « femme de ménage », rien que pour m’occuper sainement. Enfin, n’exagérons pas quand même.
J’ai travaillé dans un centre d’appel. On faisait des sondages, vendait des connexions Internet, de la vaisselle (mouahahaha), et des ordi, ainsi que d’autres concepts, juridiques entre autres. Cette expérience a été formidable, surtout sur le plan humain.
J’en suis sortie, après 6 mois de boulot intensif et de stress, avec une ligne de plus sur mon CV, quelques amitiés (coucou les potos !!), et la conclusion que je n’avais pas une âme de commercial et que je n'aimais pas les clients. Ni être en contact avec eux, ni même penser à eux.
Un commercial doit savoir se faire un lavage de cerveau à lui-même, pour faire subir la même chose à son prospect. Il doit le convaincre par tous les moyens que le produit qu’il vend est exceptionnel, et qu’il ne faut surtout pas rater cette occasion de l’acheter.
Alors que moi, si je ne suis pas convaincue moi-même que le produit est bon, je me trahis dans mes conversations, et je risque même de dire que ça ne vaut pas la peine. Mon boss me disais souvent : un commercial devrait pouvoir vendre des chasse-neige en pleins désert!
Pourtant j’en ai vendu des produits, je me suis beaucoup amélioré, mais ça me demandait un effort psychologique monstre, et je ne suis pas schizophrène de nature. De plus, je n’ai pas cette patience de supporter un prospect chiant, et de faire tourner une situation vers le positif. Dès que l’un d’eux me gonflais, je lui criais dessus. Même si c’est proscrit dans ce métier.
En bref, soit on a le marketing dans le sang, soit on ne l’a pas. Pour ma part, je suis fixée.
On ne peut juger d’un plat, que si on l’a goûté. Je suis rassasiée. Oui, oui, sage proverbe.
Même si mon expérience n’était pas vraiment dans mon domaine, mais le pharmaceutique n’en est que plus rude, vu qu’on ne vend pas un ordi à une voix au téléphone, mais un médicament à un malade souffrant.
Et la compétition est rude entre princeps et génériques, entre les différents génériques puisque chaque labo cherche à prouver que sa bioéquivalence est plus fiable, ainsi qu’avec les génériques plus, ou génériques améliorés.
Et tous ont des effets secondaires, on n’a pas le droit de les cacher, ni même oublier de les citer : ce sont des vies humaines qui sont en jeu !
Le prix, l’agréabilité de traitement, la couleur, l’emballage …etc. peuvent être des éléments à manier. Mais c’est peu, et je n’ai pas la psychologie qui va avec ce métier, je ne peux pas étudier la population ciblé, sur le marché ciblé, et tout faire pour que mon médicament leur plaise et leur semble être le meilleur, en jouant avec les édulcorants, et les couleurs des boites et des blisters. Servir leurs envies cachées dans leur boite à pharmacie … c’est pas mon truc.
On revient donc à ce que je disais au début, il me faut choisir. Par élimination ?
J’ai peur de m’engager dans un chemin, et de ne pouvoir faire marche arrière, si je me rends compte trop tard que je me suis trompée de secteur, et que ce n’est pas celui là qui fera de moi une femme épanouie. Je ne peux pas rester étudiante toute ma vie, tout de même !!
J’ai besoin de m’épanouir et d’évoluer dans le métier que je ferai plus tard, il m’est impossible de rester comme une machine, dans le même coin à faire le même boulot durant 20 ans, jusqu’à en être rouillée.
Tic toc … le temps passe. Et plus je réfléchis, plus j’en suis encore et davantage perdue. Les prochaines inscriptions sont pour bientôt, les derniers délais des masters sont généralement entre Mai et Juin. Tic toc…
Et si je choisis un secteur dont les débouchées sont justement … bouchées ?
Et si les débouchées du master que je choisis ne font pas gagner beaucoup de sous ?
Tic toc …
Si je n’arrive pas à me décider, je crois que je me résignerai à faire… femme au foyer. Je ferai des enfants, des tas, et je pourrais les aligner l’un à coté de l’autre, et leur crier dessus pour me défouler !! Oué, je ferai ptet ça …
Bonne idée, hein ?