Casanegra, la maison noire

Publié le par Simsim

Je viens de finir le fameux "Casanegra", de Noureddine Lakhmari. Pas mal.
C'est l'histoire de 2 copains : Karim, vendeur de clopes qui rêve d'appartenir à la jeunesse dorée casablancaise et les milieux chicos ; et Adil, qui regarde à longueur de journée une photo de Malmö, en Suède, qu'il se promet de rejoindre en achetant un visa et un contrat de travail.
Entre argent facile, petits boulots louches et réalité miséreuse, ça va vite se compliquer pour nos héros.

Ce qui est étonnant, c'est le nombre de gros mots que l'on entends durant le film, et je suis sûr que le réalisateur a censuré pas mal d'injures des véritables Karim et Adil qui traînent tous les jours dans les quartiers populaires de Casablanca, Alger et Tunis. Ces dernières sont mises à nu par ce film qui en dévoile les bas fonds, et le monde parallèle dont on a honte d'en montrer les vérités : les alcoolos qui titubent dans les artères de la ville, les junkys qui investissent les poubelles et les prostitués dans les bars et la rue.

Je ne sais pas pourquoi, mais les films maghrébins ne peuvent pas faire dans autre chose que le social quand ils réussissent, c'est dire combien la société est en souffrance. Il faudrait des centaines de films comme Casanegra pour pouvoir briser certains tabous, et parler de la drogue au lycée et même au collège, du recrutement des dealeurs de plus en plus jeunes, de l'alcool qui ne peut être que coupable, des harragas qui troquent leurs vies contre un rêve périlleux, des prostituées des cités U et leur devenir ... etc.

Mais parler ne suffit pas, il faut que ça participe à faire reconnaître les fléaux de la société maghrébine, les étudier, et y trouver des solutions. Car le traitement symptomatique qui consiste à les ignorer pour croire qu'ils n'existent pas est aussi inutile que l'action d'un placébo sur la douleur. Ca fera toujours aussi mal !

Publié dans Visionnage intensif

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